Communiquons Hors Série - Noël 2015


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Communiquons n°275 - Dimanche 6 Décembre 2015

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Homélie du 29 Novembre 2015 - Premier Dimanche de l'Avent

SAUVER LA PLANÈTE ?


Je dois avouer être fortement agacé par l’expression – qui n’a pas fini de fleurir dans le prêt à parler médiatique – selon laquelle nous devrions « sauver la planète ». Outre que je me demande déjà ce que cela peut bien vouloir dire concrètement, l’idée de « sauver la planète » est totalement incompréhensible pour un chrétien. C’est l’homme qui a besoin d’être sauvé, et non la planète. C’est Dieu qui est l’horizon de notre salut, et non le seul horizon terrestre. En fait, nous assistons à une reviviscence du vieil humanisme athée, celui qui veut que l’homme soit lui-même son propre sauveur :
"Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun :
Prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes : l’avenir est entre nos mains."

De l’Internationale à « sauver la planète », c’est le même raisonnement : l’homme est le maître du monde, qu’il le saccage ou qu’il le préserve ; l’avenir est « entre ses mains », comme est entre ses mains le pouvoir de tout décider – qu’il faut sauver les espèces animales menacées et laisser avorter les humains, protéger les crapauds légaliser l’euthanasie. Le Saint Père François, dans son encyclique Laudato si, fait bien remarquer que la première écologie à respecter est l’écologie humaine : respecter la vie de l’homme, son caractère sacré, inaliénable, depuis le commencement jusqu’à son terme ; respecter l’homme surtout lorsqu’il est le plus fragile, innocent, sans défense. Je vous dirai que pour ma part je me méfie bien plus des effets de groupe que de l’effet de serre. Que le refroidissement des intelligences m’inquiète plus fortement que le réchauffement climatique. Et que pour l’avenir de l’humanité la disparition de la culture classique me paraît bien plus dommageable que la disparition du ragondin du Bas-Poitou.

Dire qu’il faut « sauver la planète » c’est avouer aussi qu’au fond, nous n’avons pas d’autre horizon que terrestre. Mais qu’est-ce que cela peut signifier pour un chrétien ? D’une part l’Evangile même nous avertit que cette planète peut bel et bien disparaître : « Il y aura des signes dans la lune, le soleil et les étoiles …Les hommes mourront de peur dans la crainte de ce qui peut arriver au monde. » - et d’autre part nous proclamons que notre espérance n’est pas pour cette terre, mais que nous attendons « des cieux nouveaux et une terre nouvelle », cet avènement du Seigneur dont le temps de l’Avent vient chaque année réveiller en nous le désir. Nous le proclamons à chaque messe après avoir récité le notre Père : « Rassure-nous devant les épreuves … en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets, c'est-à-dire, l’avènement de Jésus-Christ notre Seigneur. »

En attendant l’homme n’est pas le sauveur de la planète, mais le gardien de la Création. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Dire « la Création », c’est d’abord confesser qu’il y a un Créateur. Et que l’homme n’est pas un démiurge qui peut décider par lui-même le bien et le mal. Que la « nature » qu’il faut protéger en priorité est peut-être la « loi naturelle » que le Créateur a lui-même inscrit dans son oeuvre : les lois de la vie, le couple humain, la famille … Dire que l’homme est le « gardien » c’est dire qu’il n’est pas le propriétaire. Qu’il doit user avec sagesse des choses qui lui ont été confiées; qu’il doit partager entre tous ce qui a été donné à tous.

Profitons de ce saint temps de l’Avent pour prendre une conscience plus vive de ces choses. Que les biens terrestres et temporels nous sont confiés d’abord pour nous acheminer vers les biens éternels : la liturgie le demande pour nous dans une oraison, « qu’en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions nous attacher déjà à ceux qui demeurent » : sic bonis transeuntibus nunc utamur, ut jam possimus inhaerere mansuris. Et n’imaginons pas que nous allons « sauver la planète », mais demandons humblement d’être capables d’accueillir nous-mêmes le salut qui vient de Dieu, pour être tant que dure ce monde de meilleurs gardiens de Sa Création.

L’abbé B. Martin