Toussaints - Horaire 2017

Communiquons n°294 - dimanche 22 Octobre 2017

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Ensemble 2 Générations


Ensemble, c’est mieux ! Un étudiant chez soi…

Ensemble2generations est un réseau national chrétien qui veut promouvoir le logement intergénérationnel. Parrainé par Mgr Aupetit, évêque de Versailles et membre du Conseil Famille et Société, ensemble2generations s’inscrit parfaitement dans la volonté de notre Pape François : 

« Comme je voudrais une Eglise qui défie la culture du rebut par la joie débordante d’une nouvelle étreinte entre les jeunes et les personnes âgées ». 

Ici à Saint Etienne, en tant que bénévoles, nous avons commencé, il y a à peine 1 an à essayer de mettre en place cette solidarité intergénérationnelle.

Pour permettre aux SENIORS de rester à domicile 
Pour permettre aux ETUDIANTS de trouver un logement 
Pour permettre à deux générations de se rencontrer, de s’entraider, de se donner de la JOIE ! 
Engageons-nous dans le partage intergénérationnel !

Pour plus d'information, n'hésitez pas à prendre contact avec nous par téléphone au 07 82 21 94 07 ou par mail à saint-etienne@ensemble2generations.fr

Régine Loubier

Homélie du Dimanche 8 Octobre 2017

NE RIEN PRÉFÉRER À L’ŒUVRE DE DIEU


Il y a quelques jours un envoyé du patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion, a rencontré à Rome le pape émérite Benoît XVI pour lui remettre le onzième volume des œuvres théologiques de Joseph Ratzinger /Benoît XVI qui ont été traduites et publiées en russe par le patriarcat. À cette occasion ont été traduites les quelques lignes de la préface que Benoît XVI avait rédigée, en 2015, pour cette publication. Je vous en cite l’essentiel :

« Nihil Operi Dei praeponatur. Que rien ne prime sur le culte divin. Avec ces paroles, saint Benoît, dans sa Règle (43,3), a établi la priorité absolue du culte divin sur toute autre tâche de la vie monastique. Ceci, même dans la vie monastique, n'était pas évident car pour les moines, le travail dans l'agriculture et la science était aussi une tâche essentielle. Tant dans l'agriculture que dans l'artisanat et dans le travail de formation, il pouvait bien sûr y avoir des urgences temporelles qui auraient pu apparaître plus importantes que la liturgie. Face à tout cela, Benoît, avec la priorité donnée à la liturgie, souligne sans équivoque la priorité de Dieu dans notre vie: "A l'heure de l'Office divin, dès que le signal est entendu, laissant tout ce qu'on a entre les mains, il faut accourir avec la plus grande diligence" (43.1). Dans la conscience des hommes d'aujourd'hui, les choses de Dieu et avec elles la liturgie n'apparaissent absolument pas urgentes. Il y a urgence pour tout, mais la chose de Dieu ne semble jamais urgente. Bien sûr, on pourrait affirmer que la vie monastique est dans tous les cas quelque chose de différent de la vie des hommes dans le monde, et c'est certainement vrai. Et pourtant, la priorité de Dieu que nous avons oubliée s'applique à tous. Si Dieu n'est plus important, les critères pour établir ce qui est important se déplacent. L'homme, en mettant Dieu de côté, se soumet à des contraintes qui l'asservissent à des forces matérielles et sont ainsi opposées à sa dignité. Dans les années qui ont suivi le Concile Vatican II, j'ai pris à nouveau conscience de la priorité de Dieu et de la liturgie divine. Le malentendu de la réforme liturgique qui s'est largement répandu dans l'Église catholique a conduit à mettre de plus en plus au premier plan l'aspect de l'instruction, et de sa propre activité, sa propre créativité. Le "faire" des hommes nous a fait presque oublier la présence de Dieu. Dans une telle situation, il devient de plus en plus clair que l'existence de l'Église vit de la juste célébration de la liturgie et que l'Église est en danger lorsque la primauté de Dieu n'apparaît plus dans la liturgie et donc dans la vie. La cause la plus profonde de la crise qui a bouleversé l'Église est l'obscurcissement de la priorité de Dieu dans la liturgie. Tout cela m'a amené à me consacrer plus largement que par le passé au thème de la liturgie parce que je savais que le vrai renouveau de la liturgie est une condition fondamentale du renouveau de l'Église. »

Si je vous cite ces quelques lignes du vénéré pape Benoît XVI c’est sans doute à cause de leur intérêt dans l’absolu – mais peut-être aussi parce ce temps de rentrée, les évangiles que nous entendons ces dimanches et qui nous parlent de la Vigne du Seigneur, qui nous invitent à y travailler sans retard, l’interrogation qui peut être la nôtre devant l’évangile de ce jour qui nous fait nous demander si nous ne sommes pas de ces mauvais vignerons qui ne font pas porter à la vigne le fruit que le maître en attend – tout cela nous précipite forcément sur le faire, sur l’action. Nous ne savons pas si ce que nous faisons est bien, si nous faisons tout ce que nous devrions faire, nous cherchons qu’est-ce que nous devrions faire et que nous ne faisons pas. Face à la perte de la foi, à l’éloignement de nos contemporains des « choses de Dieu », le besoin d’évangélisation nous apparaît immense, la nécessité du témoignage urgente. Face aux misères que les moyens d’information actuels nous placent sans cesse sous les yeux, les besoins de la charité nous apparaissent immenses, la nécessité de l’action caritative se fait sentir à nous avec une urgence non moins grande. Au point que nous finissons par nous dire que c’est là que se trouve la vérité du christianisme ; que finalement ce n’est pas si grave si nos contemporains ignorent le contenu de la foi pourvu qu’ils en pratiquent les œuvres ; que le fruit que le maître attend des ouvriers de sa vigne c’est l’humanitaire et le caritatif, et que cela suffit bien. N’est-il pas alors urgent de réentendre la parole de sagesse que le pape Benoît emprunte à saint Benoît : Nihil Operi Dei praeponatur, « Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu »

Benoît XVI le fait bien remarquer : les « urgences temporelles » existaient à l’époque de saint Benoît autant qu’aujourd’hui – c’était le temps de l’effondrement de l’immense édifice de l’empire romain. Le monde était en ruines, et Benoît et ses fils ont pensé que dans les misères et les immenses besoins de leur temps il fallait commencer par ne rien préférer à l’œuvre de Dieu. Et parce qu’ils n’ont rien préféré à Dieu ils se sont trouvés, par surcroît, d’être les passeurs de la civilisation antique et les bâtisseurs de l’Europe d’aujourd’hui – qui voudrait l’oublier. « Si Dieu n’est plus important, nous dit Benoît XVI, les critères pour établir ce qui est important se déplacent ». Cela a été, tout au long de l’histoire de l’Eglise, le rôle de ceux « qui ne préféraient rien à l’œuvre de Dieu » de nous fournir ce critère pour discerner ce qui est important : après Benoît, saint Bruno et ses fils, saint Bernard et ses fils, et les frères de François et de Dominique, et la vigne féconde du Carmel. Si l’homme met Dieu de côté, c’est sa propre dignité qui finit par en être victime. Le Père de Lubac l’avait vu dès les années 1940 lorsqu’il écrivait dans « Le drame de l’humanisme athée » : « Nous savons désormais que l’on peut construire un monde sans Dieu. Ce que nous avons aussi c’est qu’un monde que l’on construit sans Dieu se retourne en définitive contre l’homme ». Le P. de Lubac pensait aux totalitarismes athées de son temps. Il dirait sans doute la même chose de notre libéralisme mercantile qui sacrifie l’homme au profit et le manipule comme un objet de consommation.

Dans la conscience des hommes d'aujourd'hui, les choses de Dieu et avec elles la liturgie n'apparaissent absolument pas urgentes. Et pourtant c’est peut-être bien pour nous la première urgence, la première chose à reconstruire. Mais la charité, direz-vous, les urgences devant les besoins des hommes ? Rappelez-vous ce que disait mère Thérèsa – sainte Thérèsa de Calcutta : «Seuls l’adoration quotidienne et la prière permettent à Dieu de mettre dans notre cœur son Amour, qu’ensuite il nous est possible de porter aux pauvres. Sans Dieu nous sommes trop pauvres pour aider les pauvres.» Oui, la première tâche est bien pour nous, aujourd’hui comme hier, de « ne rien préférer à l’œuvre de Dieu ».
Abbé B. Martin