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Communiquons n°275 - Dimanche 6 Décembre 2015
dimanche 6 décembre 2015
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Homélie du 29 Novembre 2015 - Premier Dimanche de l'Avent
mercredi 2 décembre 2015
SAUVER LA PLANÈTE ?
Je dois avouer être fortement agacé par l’expression – qui n’a pas fini de fleurir dans le prêt à parler médiatique – selon laquelle nous devrions « sauver la planète ». Outre que je me demande déjà ce que cela peut bien vouloir dire concrètement, l’idée de « sauver la planète » est totalement incompréhensible pour un chrétien. C’est l’homme qui a besoin d’être sauvé, et non la planète. C’est Dieu qui est l’horizon de notre salut, et non le seul horizon terrestre. En fait, nous assistons à une reviviscence du vieil humanisme athée, celui qui veut que l’homme soit lui-même son propre sauveur :
"Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun :
Prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes : l’avenir est entre nos mains."
De l’Internationale à « sauver la planète », c’est le même raisonnement : l’homme est le maître du monde, qu’il le saccage ou qu’il le préserve ; l’avenir est « entre ses mains », comme est entre ses mains le pouvoir de tout décider – qu’il faut sauver les espèces animales menacées et laisser avorter les humains, protéger les crapauds légaliser l’euthanasie. Le Saint Père François, dans son encyclique Laudato si, fait bien remarquer que la première écologie à respecter est l’écologie humaine : respecter la vie de l’homme, son caractère sacré, inaliénable, depuis le commencement jusqu’à son terme ; respecter l’homme surtout lorsqu’il est le plus fragile, innocent, sans défense. Je vous dirai que pour ma part je me méfie bien plus des effets de groupe que de l’effet de serre. Que le refroidissement des intelligences m’inquiète plus fortement que le réchauffement climatique. Et que pour l’avenir de l’humanité la disparition de la culture classique me paraît bien plus dommageable que la disparition du ragondin du Bas-Poitou.
Dire qu’il faut « sauver la planète » c’est avouer aussi qu’au fond, nous n’avons pas d’autre horizon que terrestre. Mais qu’est-ce que cela peut signifier pour un chrétien ? D’une part l’Evangile même nous avertit que cette planète peut bel et bien disparaître : « Il y aura des signes dans la lune, le soleil et les étoiles …Les hommes mourront de peur dans la crainte de ce qui peut arriver au monde. » - et d’autre part nous proclamons que notre espérance n’est pas pour cette terre, mais que nous attendons « des cieux nouveaux et une terre nouvelle », cet avènement du Seigneur dont le temps de l’Avent vient chaque année réveiller en nous le désir. Nous le proclamons à chaque messe après avoir récité le notre Père : « Rassure-nous devant les épreuves … en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets, c'est-à-dire, l’avènement de Jésus-Christ notre Seigneur. »
En attendant l’homme n’est pas le sauveur de la planète, mais le gardien de la Création. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Dire « la Création », c’est d’abord confesser qu’il y a un Créateur. Et que l’homme n’est pas un démiurge qui peut décider par lui-même le bien et le mal. Que la « nature » qu’il faut protéger en priorité est peut-être la « loi naturelle » que le Créateur a lui-même inscrit dans son oeuvre : les lois de la vie, le couple humain, la famille … Dire que l’homme est le « gardien » c’est dire qu’il n’est pas le propriétaire. Qu’il doit user avec sagesse des choses qui lui ont été confiées; qu’il doit partager entre tous ce qui a été donné à tous.
Profitons de ce saint temps de l’Avent pour prendre une conscience plus vive de ces choses. Que les biens terrestres et temporels nous sont confiés d’abord pour nous acheminer vers les biens éternels : la liturgie le demande pour nous dans une oraison, « qu’en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions nous attacher déjà à ceux qui demeurent » : sic bonis transeuntibus nunc utamur, ut jam possimus inhaerere mansuris. Et n’imaginons pas que nous allons « sauver la planète », mais demandons humblement d’être capables d’accueillir nous-mêmes le salut qui vient de Dieu, pour être tant que dure ce monde de meilleurs gardiens de Sa Création.
L’abbé B. Martin
Homélie du 22 novembre 2015 - Christ Roi
dimanche 22 novembre 2015
LE VIDE OU LA VERITE DU CHRIST
«Je suis né, je ne suis venu en ce monde que pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui écoute la vérité entend ma voix»
L’Evangile que nous venons d’entendre nous place face à la redoutable et inévitable question de la vérité. Et cette question est sans doute celle qui demeure face aux tragiques évènements qui ont frappé notre pays il y a dix jours : avec maintenant un peu plus de recul qu’au moment où nous étions submergés par l’émotion, nous devons nous dire : qu’est-ce que ces évènements nous disent de la vérité sur Dieu et sur l’homme, et de la vérité sur notre société ?
De la vérité sur Dieu, il faut d’abord dire ce qu’elle n’est pas. On ne rend pas honneur à Dieu en tuant, en massacrant, en fauchant des vies innocentes. Prétendre le faire « au nom de Dieu » est un épouvantable blasphème. Et on aimerait entendre tous les chefs religieux – et pas seulement ceux de l’église catholique et des autres confessions chrétiennes – le clamer avec plus de force. Il n’y a qu’une manière d’honorer Dieu – le cardinal Vingt-trois l’a dit dimanche soir dernier à Notre-Dame – c’est de prendre soin de l’homme : l’homme fragile, victime, menacé. Car la vérité sur Dieu est aussi la vérité sur l’homme, si l’homme est à son image. C’est en défendant la dignité de l’homme que l’on honore Dieu. En défendant la valeur sacrée de la vie humaine, du commencement jusqu’à son terme.
Mais les tragiques évènements de la semaine dernière nous obligent à nous poser la question de la vérité dans notre société même. Là encore, le cardinal Vingt-trois l’a dit avec force. Devant quel vide sommes-nous pour que des jeunes qui ont grandi dans notre société occidentale, qui ont été formés par notre système éducatif, ne trouvent d’autre issue à leurs existences que les phantasmes du califat islamique et ses pulsions de violence et de mort ? Madame le Maire de Paris a déclaré, paraît-il, que ces barbares s’en sont pris « aux valeurs de la République ». Mais qu’étaient leurs cibles, qu’ils ont déclaré eux-mêmes avoir « soigneusement choisies » ? Un match de foot, des terrasses de bistrots, une salle de concert de rock : ce sont donc ça, les « valeurs de la République » ? J’ai été épouvanté – vous l’avez été comme moi, si vous l’avez lu aussi – d’entendre que les malheureuses victimes du « Bataclan » s’apprêtaient à entendre une chanson intitulée, en anglais, Kiss the Devil, « embrasse le Diable ». Il arrive que le Diable se prenne au mot. Ces lieux, qui ont été l’objet de ce massacre, sont bien plutôt les lieux symboles du vide de notre société hédoniste et matérialiste, devant laquelle les sauvages qui ont agi se situent dans une attitude d’attirance et de répulsion, selon le mécanisme de la violence engendrée par le « désir mimétique », mécanisme qu’avait si lucidement analysé, dans toute son œuvre, le grand philosophe René Girard, qui vient de mourir…
Vous avez sans doute appris comme moi que le Maire de Lyon, d’une manière tout à fait compréhensible, avait décidé de supprimer la « Fête des Lumières », mais qu’il avait demandé que les lyonnais allument pourtant « de petites lumières à leurs fenêtres », sans aucunement faire référence à la signification de ce geste lorsque les lyonnais l’ont fait pour la première fois en 1852 ? Quel est le vide, l’amnésie programmée de nos sociétés, pour que nous n’ayons d’autre geste que d’allumer des bougies comme si nous avions peur du noir, alors que nous fermons volontairement notre esprit et notre cœur à Celui qui a dit : « Je suis la lumière du monde ? »
Nous fêtons aujourd’hui la fête du Christ-Roi. Le pape Pie XI l’avait instituée en 1925, dans le souvenir de la « boucherie inutile » de la guerre de 1914 – et les millions de mort de la grande guerre n’étaient pas le fait de barbares, mais de nations qui se disaient civilisées, et qui avaient été chrétiennes – Pie XI avait institué cette fête pour rappeler aux nations de la vieille Europe que si elles continuaient à oublier le Christ, elles allaient inévitablement vers d’autres catastrophes. La suite de l’histoire lui a donné cruellement raison. Jean Paul II – saint Jean-Paul II – au moment de la chute du rideau de fer, disait de même aux nations de l’Est qui se relevaient pantelantes de décennies d’emprise du communisme athée qu’il fallait « repartir du Christ ». Si nous ne repartons pas du Christ, le vide de notre société n’appellera que de nouvelles catastrophes.
Nous sommes exactement devant la scène de l’Evangile d’aujourd’hui. Le Christ se tient devant nous comme il se tenait devant Pilate, bafoué, moqué, couronné d’épines. Il se tient devant notre société, il se tient devant les dirigeants de nos sociétés, il se tient devant chacun d’entre nous. Et il nous dit ces mots :
« Je suis né, je ne suis venu en ce monde que pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui écoute la vérité entend ma voix »
Écouterons-nous la voix de la vérité, la voix du Christ qui nous assure qu’il est, lui et lui seul « le Chemin, la Vérité et la Vie ».
L’Evangile que nous venons d’entendre nous place face à la redoutable et inévitable question de la vérité. Et cette question est sans doute celle qui demeure face aux tragiques évènements qui ont frappé notre pays il y a dix jours : avec maintenant un peu plus de recul qu’au moment où nous étions submergés par l’émotion, nous devons nous dire : qu’est-ce que ces évènements nous disent de la vérité sur Dieu et sur l’homme, et de la vérité sur notre société ?
De la vérité sur Dieu, il faut d’abord dire ce qu’elle n’est pas. On ne rend pas honneur à Dieu en tuant, en massacrant, en fauchant des vies innocentes. Prétendre le faire « au nom de Dieu » est un épouvantable blasphème. Et on aimerait entendre tous les chefs religieux – et pas seulement ceux de l’église catholique et des autres confessions chrétiennes – le clamer avec plus de force. Il n’y a qu’une manière d’honorer Dieu – le cardinal Vingt-trois l’a dit dimanche soir dernier à Notre-Dame – c’est de prendre soin de l’homme : l’homme fragile, victime, menacé. Car la vérité sur Dieu est aussi la vérité sur l’homme, si l’homme est à son image. C’est en défendant la dignité de l’homme que l’on honore Dieu. En défendant la valeur sacrée de la vie humaine, du commencement jusqu’à son terme.
Mais les tragiques évènements de la semaine dernière nous obligent à nous poser la question de la vérité dans notre société même. Là encore, le cardinal Vingt-trois l’a dit avec force. Devant quel vide sommes-nous pour que des jeunes qui ont grandi dans notre société occidentale, qui ont été formés par notre système éducatif, ne trouvent d’autre issue à leurs existences que les phantasmes du califat islamique et ses pulsions de violence et de mort ? Madame le Maire de Paris a déclaré, paraît-il, que ces barbares s’en sont pris « aux valeurs de la République ». Mais qu’étaient leurs cibles, qu’ils ont déclaré eux-mêmes avoir « soigneusement choisies » ? Un match de foot, des terrasses de bistrots, une salle de concert de rock : ce sont donc ça, les « valeurs de la République » ? J’ai été épouvanté – vous l’avez été comme moi, si vous l’avez lu aussi – d’entendre que les malheureuses victimes du « Bataclan » s’apprêtaient à entendre une chanson intitulée, en anglais, Kiss the Devil, « embrasse le Diable ». Il arrive que le Diable se prenne au mot. Ces lieux, qui ont été l’objet de ce massacre, sont bien plutôt les lieux symboles du vide de notre société hédoniste et matérialiste, devant laquelle les sauvages qui ont agi se situent dans une attitude d’attirance et de répulsion, selon le mécanisme de la violence engendrée par le « désir mimétique », mécanisme qu’avait si lucidement analysé, dans toute son œuvre, le grand philosophe René Girard, qui vient de mourir…
Vous avez sans doute appris comme moi que le Maire de Lyon, d’une manière tout à fait compréhensible, avait décidé de supprimer la « Fête des Lumières », mais qu’il avait demandé que les lyonnais allument pourtant « de petites lumières à leurs fenêtres », sans aucunement faire référence à la signification de ce geste lorsque les lyonnais l’ont fait pour la première fois en 1852 ? Quel est le vide, l’amnésie programmée de nos sociétés, pour que nous n’ayons d’autre geste que d’allumer des bougies comme si nous avions peur du noir, alors que nous fermons volontairement notre esprit et notre cœur à Celui qui a dit : « Je suis la lumière du monde ? »
Nous fêtons aujourd’hui la fête du Christ-Roi. Le pape Pie XI l’avait instituée en 1925, dans le souvenir de la « boucherie inutile » de la guerre de 1914 – et les millions de mort de la grande guerre n’étaient pas le fait de barbares, mais de nations qui se disaient civilisées, et qui avaient été chrétiennes – Pie XI avait institué cette fête pour rappeler aux nations de la vieille Europe que si elles continuaient à oublier le Christ, elles allaient inévitablement vers d’autres catastrophes. La suite de l’histoire lui a donné cruellement raison. Jean Paul II – saint Jean-Paul II – au moment de la chute du rideau de fer, disait de même aux nations de l’Est qui se relevaient pantelantes de décennies d’emprise du communisme athée qu’il fallait « repartir du Christ ». Si nous ne repartons pas du Christ, le vide de notre société n’appellera que de nouvelles catastrophes.
Nous sommes exactement devant la scène de l’Evangile d’aujourd’hui. Le Christ se tient devant nous comme il se tenait devant Pilate, bafoué, moqué, couronné d’épines. Il se tient devant notre société, il se tient devant les dirigeants de nos sociétés, il se tient devant chacun d’entre nous. Et il nous dit ces mots :
« Je suis né, je ne suis venu en ce monde que pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui écoute la vérité entend ma voix »
Écouterons-nous la voix de la vérité, la voix du Christ qui nous assure qu’il est, lui et lui seul « le Chemin, la Vérité et la Vie ».
L’abbé Bruno Martin
Communiquons n°274 - Dimanche 22 Novembre 2015
vendredi 20 novembre 2015
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Préparation au Sacrement de Confirmation
mardi 29 septembre 2015
Libellés :
Préparation aux Sacrements
La Rentrée des Petits Chanteurs du Diocèse
lundi 28 septembre 2015
C'est avec plaisir que nous avons retrouvé les Petits Chanteurs du diocèse en ce début d'année scolaire à l'occasion du départ de Monseigneur Lebrun puisqu'ils ont participé à l'animation de la messe dominicale de ce dimanche 27 septembre avant de faire une photo souvenir sur les marches de la cathédrale Saint-Charles.
Après un concert à la chapelle du collège Victor de la Prade pour les journées du patrimoine, leur chef de chœur Charlotte Rabier-Legrand a déjà prévu un bon programme avec l'animation de la messe anniversaire de l'église Le Corbusier, un concert à St Bonnet le Château et à Usson en Forez, la visite de l'Opéra de St Etienne, un échange avec les Petits Chanteurs d'Oullins, un concert avec la chorale des Amis Réunis sans oublier la messe du 8 décembre et la préparation de la veillée de Noël à la cathédrale...
N'hésitons pas à les encourager en venant nombreux à leurs concerts !
Libellés :
Petits Chanteurs du Diocèse
Urgent !
vendredi 25 septembre 2015
La Conférence Saint Vincent de Paul du centre ville recherche d'urgence deux couffins et de la layette 1° âge pour deux jeunes mamans chrétiennes orthodoxes, plusieurs fois déplacées et sans ressources qui viennent d'accoucher.
Si vous en disposez et souhaitez aider ces personnes, merci de déposer ces dons à l'accueil paroissiale (8 rue du 4 septembre) aux heures de permanence.
Horaires des messes dans la paroisse saint Etienne
jeudi 16 juillet 2015
Vous pouvez consulter les horaires des messes célébrées dans la paroisse saint Etienne en cliquant sur le lien :
ou en le copiant dans votre navigateur internet.
Libellés :
Horaires des Messes
L'action Silencieuse du Cœur
vendredi 10 juillet 2015
Article du Préfet de la Congrégation du Culte Divin, S. E. le cardinal Robert Sarah,
paru le 12 juin 2015 dans l’ « Osservatore Romano ».
Cinquante années après sa promulgation par le Pape Paul VI, va-t-on enfin lire la constitution du concile Vatican II sur la Sainte Liturgie ? « Sacrosanctum Concilium», de fait, n’est pas un simple catalogue de «recettes» de réforme, mais vraiment et à proprement parler la «grande charte» de toute action liturgique.
Dans cette constitution, le concile nous donne une magistrale leçon de méthode. En effet, loin de se contenter d’une approche extérieure et disciplinaire de la liturgie, le concile veut nous faire contempler ce qu’elle est dans son essence. La pratique de l’Eglise dérive toujours de ce qu’elle reçoit et contemple dans la révélation ; la pastorale ne peut se déconnecter de la doctrine.
Dans l’Eglise, «ce qui relève de l’action est ordonné à la contemplation» (cf. Sacrosanctum Concilium, n°2) La constitution conciliaire nous invite à redécouvrir l’origine trinitaire de l’action liturgique. En effet, le concile établit une continuité entre la mission du Christ Rédempteur et la mission liturgique de l’Eglise. «De même que le Christ fut envoyé par le Père, ainsi lui-même envoya ses apôtres», afin que, «par le sacrifice et les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique» ils exercent «l’œuvre du salut» (cf. n°6).
Mettre en œuvre la liturgie n’est donc rien d’autre que mettre en œuvre l’action du Christ. La liturgie est, dans son essence, actio Christi : «L’œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu» (n°5). C’est lui, le grand prêtre, le vrai sujet, l’acteur véritable de la liturgie. (cf. n°7). Si ce principe vital n’est pas accueilli dans la foi, on risque de faire de la liturgie une œuvre humaine, une autocélébration de la communauté.
Au contraire, l’œuvre propre de l’Eglise consiste à entrer dans l’action du Christ, à s’inscrire dans cette «œuvre» que le Père lui a donné à faire. C’est pourquoi «la plénitude du culte divin est entrée chez nous», car c’est «son humanité, dans l’unité de la personne du Verbe, qui fut l’instrument de notre salut». (n°5). L’Eglise, Corps du Christ, doit donc devenir à son tour un instrument dans les mains du Verbe.
C’est là la signification ultime de ce concept-clef de la constitution conciliaire : l’actuosa participatio. Une telle participation consiste pour l’Eglise à devenir un instrument du Christ-Prêtre, afin de participer à sa mission trinitaire. L’Eglise participe activement à l’œuvre liturgique du Christ dans la mesure où elle en est l’instrument. En ce sens, l’expression «communauté célébrante» n’est pas dépourvue d’ambiguïté, et requiert un emploi prudent (cf. Redemptoris sacramentum, n°42). La participatio actuosa ne doit pas non plus être comprise comme la nécessité de faire quelque chose. Sur ce point l’enseignement du concile a été souvent déformé. Il s’agit en effet de nous laisser prendre par le Christ, qui nous associe à son sacrifice. C’est pourquoi la «participation» liturgique doit être comprise comme une grâce du Christ, «qui s’associe toujours l’Eglise» (S.C., n°7). C’est à lui d’avoir l’initiative et la primauté. L’Eglise «l’invoque comme son Seigneur et passe par Lui pour rendre son culte au Père éternel». (n°7)
Le prêtre doit donc devenir cet instrument qui laisse transparaître le Christ. Comme l’a rappelé il y a peu le pape François, le célébrant n’est pas le présentateur d’un spectacle, il ne doit pas rechercher la sympathie de l’assemblée en se posant devant elle comme son interlocuteur principal. Entrer dans l’esprit du concile signifie au contraire s’effacer, renoncer à être le point focal.
Contrairement à ce qui est parfois soutenu, il est tout à fait conforme à la constitution conciliaire, et tout à fait opportun que, pendant le rite pénitentiel, le chant du Gloria, les oraisons et la prière eucharistique, tous, prêtre et fidèles, se tournent ensemble vers l’Orient, pour exprimer leur volonté de participer à l’œuvre du culte et de la rédemption accomplie par le Christ. Cette manière de faire pourrait être opportunément mise en œuvre dans les cathédrales, où la vie liturgique doit être exemplaire (cf. n°47).
Bien entendu, il y a d’autres parties de la messe dans lesquelles le prêtre, agissant in persona Christi capitis, entre dans un dialogue nuptial avec l’assemblée. Mais ce face à face n’a d’autre but que de conduire à un tête à tête avec Dieu, tête à tête qui, au moyen de la grâce de l’Esprit-Saint, deviendra un cœur à cœur. Le concile propose ainsi d’autres moyens pour favoriser la participation : «les acclamations des fidèles, les réponses, le chant des psaumes, les antiennes, les cantiques, et aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles». (n°30)
Une lecture trop rapide, et surtout trop humaine, a porté à conclure qu’il fallait que les fidèles soient constamment occupés. La mentalité occidentale contemporaine, modelée par la technique et fascinée par les médias, a voulu faire de la liturgie une œuvre de pédagogie efficace et rentable. Dans cet esprit, on a cherché à rendre les célébrations «conviviales». Les acteurs liturgiques, animés de motivations pastorales, cherchent souvent à faire œuvre didactique en introduisant dans les célébrations des éléments profanes et spectaculaires. Ne voit-on pas parfois fleurir les témoignages, les mises en scène et les applaudissements ? On croit ainsi favoriser la participation des fidèles mais on réduit en fait la liturgie à un jeu humain.
«Le silence n’est pas une vertu, ni le bruit un péché, disait Thomas Merton, mais le tumulte, la confusion, le bruit continu de la société moderne ou de certaines liturgies eucharistiques sont révélateurs de l’atmosphère de ses péchés les plus graves, de son impiété, de son désespoir. Un monde de propagande, d’argumentation infinie, d’invectives, de critiques, ou simplement de bavardages, est un monde dans lequel la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. La messe devient un tapage confus, la prière un bruit extérieur et intérieur.» (Thomas Merton, Le signe de Jonas, Paris, Albin Michel, 1955, p. 322)
Le risque est bien réel de ne laisser aucune place à Dieu dans nos célébrations. Nous encourrons la tentation des hébreux dans le désert : ils ont cherché à se créer un culte à leur mesure et à leur hauteur ; n’oublions pas qu’ils ont fini prosternés devant l’idole du veau d’or.
Il est temps de se mettre à l’écoute du concile. La liturgie est «principalement le culte de la divine majesté» (n°33). Elle a une valeur pédagogique dans la mesure où elle est complètement ordonnée à la glorification de Dieu et au culte divin. La liturgie nous place réellement en présence de la transcendance divine. La vraie participation signifie renouveler en nous cet «émerveillement» que saint Jean Paul II tenait en grande considération. (cf. Ecclesia de eucharistia, n°6). Cet émerveillement sacré, cette crainte joyeuse, requiert notre silence face à la divine majesté. On oublie toujours que le «silence sacré» est un des moyens indiqués par le concile pour favoriser la participation.
Si la liturgie est œuvre du Christ, est-il nécessaire que le célébrant y introduise ses propres commentaires ? Nous devons nous rappeler que, lorsque le missel autorise une intervention, celle-ci ne doit pas devenir un discours profane et humain, un commentaire plus ou moins subtil sur l’actualité, ou des salutations mondaines aux personnes présentes, mais une très brève exhortation à entrer dans le mystère (cf. PGMR, n°50). Quant à l’homélie, elle est elle-même un acte liturgique qui possède ses propres règles. La participatio actuosa à l’œuvre du Christ présuppose de laisser le monde profane pour entrer dans «l’action sacrée par excellence» (SC n°7). De fait, «prétendrions-nous, avec une certaine arrogance, de rester dans l’humain pour entrer dans le divin ?» (R. Sarah, Dieu ou rien, p. 178)
En ce sens il est regrettable que le sanctuaire de nos églises ne soit pas un lieu strictement réservé au culte divin où l’on pénètre en habits profanes, comme si l’espace sacré n’était pas clairement délimité par l’architecture. Et parce que le concile enseigne que le Christ est présent dans sa parole lorsque celle-ci est proclamée, il est également nocif que les lecteurs n’aient pas une tenue appropriée qui montrent qu’ils ne prononcent pas une parole humaine mais une parole divine.
La liturgie est une réalité fondamentalement mystique et contemplative, et, en conséquence, hors de portée de notre action humaine. Même la «participation» est une grâce de Dieu. C’est pourquoi elle présuppose de notre part une ouverture au mystère célébré. Ainsi, la constitution recommande la pleine compréhension des rites (cf. n°34) mais dans le même temps prescrit que les fidèles «sachent dire ou chanter ensemble, en langue latine, les parties de la messe qui leur reviennent». (n°54)
En effet, la compréhension des rites n’est pas une œuvre de la raison humaine laissée à elle-même, qui devrait tout saisir, tout comprendre, tout dominer. La compréhension des rites sacrés est celle du sensus fidei , où la foi vive s’exerce à travers le symbole, et qui connaît plus par syntonie que par concept. Cette compréhension suppose que l’on s’approche du mystère avec humilité.
Aura-t-on le courage de suivre le concile jusqu’à ce point ? Une telle lecture, illuminée par la foi, est pourtant fondamentale pour l’évangélisation. En effet, «elle montre l’Eglise à ceux qui sont dehors comme un signal levé devant les nations, sous lequel les enfants de Dieu dispersés se rassemblent dans l’unité» (n°2). La liturgie doit cesser d’être un lieu de désobéissance aux prescriptions de l’Eglise.
Plus spécifiquement, elle ne peut plus être une occasion de déchirure entre chrétiens. Les lectures dialectiques de Sacrosanctum Concilium, l’herméneutique de la rupture, dans un sens ou dans l’autre, ne sont pas le fruit d’un esprit de foi. Le concile n’a pas voulu rompre avec les formes liturgiques héritées de la tradition, il a voulu plutôt les approfondir. La constitution établit que «les formes nouvelles [sortiront] des formes déjà existantes par un développement en quelque sorte organique». (n°23)
En ce sens, il est nécessaire que ceux qui célèbrent selon l’usus antiquior le fassent sans esprit d’opposition, et donc dans l’esprit de Sacrosanctum Concilium. De la même manière, ce serait une erreur que de considérer la forme extraordinaire du rite romain comme dérivant d’une autre théologie que celle du rite réformé. Il serait d’ailleurs souhaitable que dans une prochaine édition du missel le rite pénitentiel et l’offertoire de l’usus antiquior soient placés en annexe, de manière à souligner que les deux formes liturgiques s’éclairent l’une et l’autre, en continuité et sans opposition.
Si nous vivons dans cet esprit, alors la liturgie cessera d’être le lieu des rivalités et des critiques, pour nous faire enfin participer activement à cette liturgie «qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem, à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu comme ministre du sanctuaire» (n°8).
(traduction abbé B. Martin)
Conférence de Carême du 15 Mars - Christian Ratrema
samedi 21 mars 2015
HUMANAE VITAE, UNE ENCYCLIQUE PROPHETIQUE ET CONTESTEE
Nous sommes dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus proclame qu’il est le Pain de vie : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Les auditeurs sont choqués ! Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger ? Les disciples s’insurgent : « Cette parole est trop dure ! qui peut l’entendre ? » Aujourd’hui, ils diraient. C’est « inaudible » ! « Irrecevable » ! De nombreux disciples décident de s’en aller. Prenant acte de leur défection, Jésus s’adresse aux apôtres : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre répond, au nom des Douze : « à qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
L’histoire se répète le 25 juillet 1968, quand le Bienheureux Pape Paul VI publie l’encyclique Humanae Vitae, « en vertu du mandat que le Christ Nous a confié » (HV6), précise-t-il. Il subit la même incompréhension, la même contestation, la même défection. Il fait même la « une » de Paris Match : « Le pape est contre la pilule » ! Très mal reçue, Humanae Vitae « devint instantanément l’encyclique la plus controversée de l’histoire, (…) une véritable levée de boucliers s’ensuivit, ainsi que la plus vaste rébellion publique vis-à-vis des enseignements pontificaux depuis des siècles ». (G. Weigel, Jean Paul II, témoin de l’espérance, p 261-262). Pour la sociologue Danièle Hervieu-Léger : « c’est avec Humanae Vitae que les catholiques se sont radicalement écartés du Vatican en se disant : « Le pape peut dire ce qu’il veut dans ce domaine, je n’en tiendrai plus compte. »
Trois jours après la publication de l’Encyclique, le cardinal Martin vint faire part au Pape de son trouble devant l’ampleur de la contestation. Paul VI lui répondit : « Vous depuis trois jours, moi depuis quatre ans ! C’est mon Gethsémani ! »
Avant d’aborder le document lui-même, je vous propose d’écouter Paul VI, lors de son allocution du mercredi qui suit la publication de l’encyclique. Avec la simplicité familière de cet entretien hebdomadaire, il confie aux fidèles les sentiments qui l’ont guidé pour accomplir son mandat reçu du Christ. La citation est assez longue, mais elle nous donne une idée de la complexité, de la gravité et de l’ampleur des questions sur lesquelles il devait se prononcer. Et qui débordent largement la question de la contraception. L’occasion nous est donnée de nous mettre à l’écoute de son cœur de Père et de Pasteur.
« Notre premier sentiment fut celui de Notre grave responsabilité. Il Nous a fait entrer et demeurer au cœur de la question durant les quatre années consacrées à l'étude et à l'élaboration de cette encyclique. Nous vous confierons que ce sentiment Nous a fait beaucoup souffrir spirituellement. Jamais Nous n'avons senti comme en cette circonstance le poids de Notre charge. Nous avons étudié, lu, discuté autant que Nous avons pu, et Nous avons aussi beaucoup prié. (…) Nous devions répondre à l'Eglise, à l'humanité entière; Nous devions évaluer (…) une tradition non seulement séculaire, mais récente, celle de Nos trois prédécesseurs immédiats; Nous étions obligé de faire Nôtre l'enseignement du Concile que Nous avions Nous-même promulgué; Nous étions enclin à accueillir, jusqu'à la limite où il Nous semblait pouvoir aller, les conclusions - bien que de caractère consultatif - de la commission instituée par le Pape Jean XXIII et élargie par Nous-même, sans perdre de vue notre devoir de prudence; Nous n’ignorions pas les vives controverses suscitées par cette question si importante (…); Nous entendions les voix puissantes de l'opinion publique et de la presse; Nous écoutions les voix plus faibles, mais plus pénétrantes pour Notre cœur de père et de pasteur, de tant de personnes, de femmes respectables spécialement, angoissées par ce problème difficile et par leur expérience encore plus difficile; Nous lisions les rapports scientifiques sur les alarmantes questions démographiques du monde, étayées par des études d'experts et par des programmes gouvernementaux; Nous recevions de toute part des publications, dont quelques-unes inspirées par l'examen de certains aspects scientifiques du problème, d'autres par des considérations réalistes de situations sociologiques nombreuses et graves, ou encore par celles, si impérieuses aujourd'hui, des changements qui se produisent dans tous les secteurs de la vie moderne. Combien de fois avons-Nous eu l'impression d'être comme submergé par cette accumulation de documents, et combien de fois — humainement parlant — avons-Nous ressenti combien Notre pauvre personne était dépassée par ce redoutable devoir apostolique de Nous prononcer à ce sujet ! Combien de fois avons-nous tremblé devant le dilemme d'une condescendance aux opinions courantes, ou d'une sentence mal supportée par la société moderne, ou qui soit arbitrairement trop lourde pour la vie conjugale ! Nous avons consulté en particulier beaucoup de personnes de haute valeur morale, scientifique et pastorale; et invoquant les lumières du Saint-Esprit, Nous avons mis Notre conscience dans la pleine et libre disposition à la voix de la vérité, cherchant à interpréter la règle divine que Nous voyons surgir de l'exigence intrinsèque de l'amour humain authentique, des structures essentielles de l'institution du mariage, de la dignité personnelle des époux, de leur mission au service de la vie, comme de la sainteté du mariage chrétien. Nous avons réfléchi sur les éléments stables de la doctrine traditionnelle de l'Eglise, spécialement sur les enseignements du récent Concile. Nous avons pesé les conséquences de l'une ou de l'autre décision, et Nous n'avons plus eu de doute sur Notre devoir de Nous prononcer dans les termes exprimés par la présente encyclique. »
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Conférences de Carême 2015
Conférence de Carême du 1er Mars - Bernard Malcurat
jeudi 5 mars 2015
LA FOI DE L'EGLISE DANS L'EUCHARISTIE :
L'ENCYCLIQUE "MYSTERIUM FIDEI" (1965)
I - Introduction
L’encyclique «Mysterium fidei» est la troisième encyclique du Pape Paul VI. Après «Ecclesiam suam» (L’Eglise du Christ) encyclique sur le dialogue dans l’Eglise et hors de l’Eglise, publiée le 6 août 1964 et «Mense Maio» (Le mois de mai) sur la Vierge Marie, datée du 29 avril 1965, l’encyclique «Mysterium fidei», (Mystère de foi) sur l’Eucharistie, est parue le 3 septembre 1965. Remarquons déjà que si la première encyclique est donnée «a nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires, en paix et communion avec le siège apostolique, au clergé et aux fidèles de l'univers, ainsi qu'à tous les hommes de bonne volonté», «Mense Maio» n’est offerte qu’ «aux Vénérables Frères Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres Ordinaires des lieux en paix et communion avec le Saint Siège» ce qui s’explique par sa spécificité mariale et «Mysterium fidei» «A Nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres Ordinaires des lieux, au clergé et aux fidèles du monde entier» et non pas à tous les hommes de bonne volonté, puisqu’elle traite spécifiquement de l’Eucharistie.
Il me semble important, dans un premier temps de situer cette encyclique «Mysterium fidei» parmi les nombreux événements de ces années 60.
- 28 octobre 1958 : Angelo Roncalli est élu Pape : il prend le nom de Jean XXIII
- 11 octobre 1962 : Jean XXIII ouvre le Concile Vatican II
- 3 juin 1963 : Mort de Jean XXIII
- (il sera béatifié le 3 septembre 2000 par Jean-Paul II et canonisé le 27 avril 2014 par le Pape François)
- 21 juin 1963 : Le Cardinal Giovanni-Battista Montini, archevêque de Milan, est élu Pape : il prend le nom de Paul VI
- 22 juin 1963 : Dans son discours aux cardinaux dans la Chapelle Sixtine, il annonce sa volonté de poursuivre les travaux de Vatican II : « La partie la plus importante de notre pontificat sera occupée par la continuation du deuxième concile œcuménique du Vatican, vers lequel sont tournés les yeux de tous les hommes de bonne volonté. »
- 4 décembre 1963 : Promulgation de la constitution « Sacrosanctum Concilium »
- 3 septembre 1965 : Paul VI signe l’encyclique « Mysterium Fidei »
- 8 décembre 1965 : Paul VI clôture le Concile « Vatican II »
De nombreux documents seront promulgués tout au long du Concile, dont neuf décrets et trois déclarations, mais surtout quatre constitutions (document qui légifère sur des questions de dogme ou d'administration de l'Eglise) :
- le 4 décembre 1963, la constitution « Sacrosanctum concilium » sur la sainte Liturgie ;
- le 21 novembre 1964, la constitution dogmatique (l'adjectif "dogmatique" indique que l'objet de cette constitution est les vérités de la foi) « Lumen gentium » sur l’Eglise ;
- le 18 novembre 1965, la constitution dogmatique « Dei verbum » sur la Révélation divine ;
- le 7 décembre 1965, la constitution pastorale (l'adjectif "pastoral" signifie que l'objet de cette constitution est de proposer des orientations et déterminations concernant la vie chrétienne dans les circonstances historiques de notre temps) « Gaudium et spes » sur l’Eglise dans le monde de ce temps.
Vous aurez sans doute remarqué que la constitution « Sacrosanctum concilium » a été la première à être promulguée. Les débats furent vifs sur la langue liturgique et la concélébration (326 interventions orales et 600 écrites entre octobre 1962 et décembre 1963). Toutefois, la Constitution fut adoptée presque à l’unanimité, avec 2 147 placet contre 4 non placet. La réforme des rites et des livres liturgiques sera entreprise presque aussitôt après, et confiée au Conseil pour l’application de la constitution sur la Liturgie (Consilium), créé en février 1964, ainsi qu’aux conférences épiscopales. « C’était un programme, dont il faut bien reconnaître qu’il a entraîné une dynamique qui n’était pas explicitement écrite dans le texte du Concile », relève le Père Paul de Clerck, théologien belge, éminent liturgiste.
La réforme fut accueillie très rapidement par les fidèles, heureux de s’approprier ce « trésor caché ». Bien que les Pères conciliaires aient pris des dispositions pour que cette réforme puisse s’appliquer facilement, en particulier en soulignant la place des organismes compétents, son application suscita aussi des tensions dès les premières années. Dans sa lettre apostolique du 4 décembre 1988, pour le 25ème anniversaire de la promulgation de la constitution « Sacrosanctum concilium », le Pape Jean-Paul II n’hésita pas à parler d’ « innovations fantaisistes » pour la mise en place de cette réforme, affirmant aussi que ces déviations, « loin d’être liées à la réforme liturgique elle-même, ou aux livres qui en sont issus, lui contreviennent directement, la défigurent ».
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Conférences de Carême 2015
Conférence de Carême du 22 Février 2015 - P. Bruno Martin
mercredi 25 février 2015
PAUL VI ET LA LITURGIE
La documentation essentielle est extraite de Pierangelo CHIARAMELLO, Il rinnovamento liturgico cuore del rinnovamento della Chiesa nei discorsi di Paolo VI (1963-1978). Edizioni Liturgiche, Roma, 2014, 398p.
I - La jeunesse de J.-B. Montini et la question liturgique, de Chiari à l’aumônerie de la FUCI
- le contact dès l’enfance avec les bénédictins français de Sainte Madeleine de Marseille réfugiés à Chiari (revenus à Hautecombe en 1922)
- la fréquentation du P. Bevilacqua (1881-1965) et des oratoriens de Brescia
- l’influence de Dom Ildefonse Schuster (1880-1954) alors abbé de S. Paul hors les murs (1920-1921)
«Altare quidem Sanctae Ecclesiae, ipse est Christus. Cet ordre (le sous-diaconat) place le ministre proche de l’autel. Dieu fait homme a besoin d’un lieu. Le Christ qui se fait pain a besoin d’une table. Le pain consacré qui est la victime offerte a besoin d’un autel. L’autel est comme le reflet local de la présence et des mystères de Jésus-Christ. Là réside son Saint Corps dans l’Eucharistie ; là se rassemble son corps mystique qui est l’Eglise. C’est pourquoi l’autel est le vrai symbole du sacerdoce. Toutes nos offrandes y aboutissent, et tous les dons de Dieu en proviennent. L’autel est le foyer du culte. Tout principe religieux s’appuie sur lui ; tout principe moral, spirituel, social, s’y fonde. C’est la pierre d’angle : Lapis angularis, janua celestis. En outre, ce principe appliqué aux symboles du culte doit éduquer notre esprit au langage transfigurant des choses utilisées dans la liturgie. Peut-être que notre vie spirituelle est pauvre parce que peu parlent et comprennent ce langage. L’autel rassemble l’amour pour le Christ et pour l’Eglise ; il est la table de la charité, le foyer de la ferveur » (Réflexions au moment du sous-diaconat, 28 février 1920)
- J.-B. Montini est assistant du cercle Romain de la FUCI en 1923, Assistant général par nomination papale en 1925.
«Il y en a qui se tiennent dehors, sur le seuil, pour admirer les vitraux historiés, la fumée de l’encens, toute la splendeur externe et la beauté du culte, et qui se contentent d’un esthétisme vide. D’autres vont trouver dans la liturgie un matériel précieux de connaissances archéologiques, la réduisant aux manuscrits des antiques missels, faisant de la liturgie ne branche de l’histoire et de l’archéologie. On peut enfin admirer dans la liturgie le côté purement cérémoniel : les gestes, la «bonne éducation», pour ainsi dire, de la religiosité. …Dans un sens plus complet, plus compréhensif, la liturgie nous apparaît comme la participation au sacerdoce du Christ. Une médiation est nécessaire et nous la trouvons en Jésus Christ : Nous ne pouvons pas aller au Père sans le chemin qu’est le Christ et pour lequel il se constitue Prêtre. Par le chemin du Christ et de l’Eglise, prolongement historique du Christ, nous pouvons parvenir au Père» (congrès de la FUCI, Acireale, 1928)
«Nous voyons la nécessité de restaurer avec pleine confiance la prière authentique et la plus traditionnelle de l’Eglise, la liturgie, qui est préférable à toute autre forme, habituelle ou nouvelle, de la piété. Ce rappel n’est pas inutile si l’on pense d’un côté à l’impressionnante multiplicité des formes semi privées et semi nouvelles de piété qui vont en se propageant, et qui, en insistant pour se qualifier de manière superlative, laissent croire que le catholicisme n’a pas de langage plus théologique, plus humain, plus artistique, plus riche, à travers lequel s’exprimer ; et de l’autre, la répulsion instinctive qui éloigne de la prière ceux qui, habitués à réfléchir, ne la trouvent pas immédiatement, au premier contact, dégagée des habitudes dévotionnelles et sentimentales plutôt que vraiment pieuses, et emplie des notions religieuses grandes et élevées, qui ouvrent les ailes de proche en proche à toute la sagesse divine et humaine» (Bulletin de la FUCI, 10 février 1929)
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Conférences de Carême 2015
Homélie du 11 janvier 2015
mercredi 14 janvier 2015
LA VIOLENCE, LA RAISON, LA FOI
J’ai beaucoup hésité à aborder les questions que soulèvent les évènements tragiques de cette semaine, car il me semblait au premier abord que ce ne sont pas les évènements extérieurs qui doivent déteindre sur la liturgie, mais plutôt la liturgie qui doit projeter sa lumière intemporelle sur les évènements extérieurs.
Mais il m’apparaît aussi que nous sommes tellement déterminés, conditionnés, par les médias et leurs deux armes absolues, l’émotionnel et le prêt à penser, qu’une réflexion à contre-courant est peut-être salutaire.
Ce qui s’est passé cette semaine à Charlie-Hebdo est inqualifiable. C’est évident. Tout attentat à la vie humaine est inqualifiable ; nous savons depuis les horreurs du XX° siècle que tuer un homme pour des raisons idéologiques, c’est mettre en péril l’idée même de l’homme.
Mais les violences qui se sont déroulées sur notre sol se produisent au quotidien depuis des semaines et des mois en Syrie et en Irak. Ont-elle provoquées le même sursaut d’indignation ? Des milliers d’hommes et de femmes massacrés pour leur foi auraient-ils moins d’importance que des journalistes tués pour leurs convictions ?
On ne peut qu’approuver le beau sursaut d’indignation et la belle unanimité dont notre pays fait preuve, mais pourquoi ne l’avoir pas fait plus tôt ? Je ne sais pas si nous sommes « tous Charlie », mais cela me réchaufferait le cœur d’entendre nos politiques et nos médias déclarer : « nous sommes tous des Chrétiens d’Orient ».
Il est bien entendu, également, qu’il ne faut « pas faire d’amalgame ». Non, certes, il ne faut pas faire d’amalgame. Mais cela veut-il dire qu’il est interdit de poser certaines questions ? Et que penser lorsque ces questions, ce sont des responsables de pays musulmans qui les posent eux-mêmes ?
Les médias français ne se sont guère fait l’écho du discours que le président égyptien, le maréchal Abdel Fatah El-Sissi, a prononcé le 3 janvier dernier devant la grande université islamique Al-Azhar, au Caire.
Les propos du président égyptien ont fait l’objet, en revanche, d’une longue récension dans l’Osservatore Romano, le journal du Saint-Siège. Voici quelques uns de ces propos, tels que cités par l’Osservatore Romano : « Le monde musulman ne peut pas être perçu comme une source d’angoisse, de péril et de mort par l’humanité entière. Nous devons écarter les pensées erronée, l’idéologie que nous avons sacralisées dans le cours des années récentes, et qui ont conduit le monde musulman à se rendre l’ennemi du reste du monde. Il n’est pas pensable qu’un milliard six cent millions de personnes puissent penser éliminer le reste des sept milliards d’habitants du globe pour vivre entre eux. Non, c’est impossible. Ce que je suis en train de dire, vous ne pouvez pas le comprendre si vous restez prisonniers de cette idéologie. Vous devez en sortir et juger de l’extérieur, si vous voulez éradiquer ce point de vue et le remplacer par une vision plus éclairée du monde. Vous devez vous y opposer avec détermination. Honorable imam (le grand cheikh d’Al Azhar), vous êtes responsable devant Dieu. Le monde entier attend votre réaction, parce que la communauté musulmane est déchirée, et court à sa perte, et sera détruite par l’œuvre de nos propres mains.»
Ce qui est encore plus surprenant, c’est que ces propos rejoignent exactement ce que déclarait – avec son habituelle lucidité – le pape Benoît XVI en décembre 2006, dans ses vœux à la Curie. Le Saint-Père, qui revenait de son voyage en Turquie, avait commencé par rappeler le respect dû à la religion musulmane, respect fortement affirmé par le concile Vatican II, mais il rajoutait : «Dans un dialogue à intensifier avec l'Islam, nous devrons garder à l'esprit le fait que le monde musulman se trouve aujourd'hui avec une grande urgence face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du siècle des Lumières et à laquelle le Concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l'Eglise catholique au terme d'une longue et difficile recherche. Il s'agit de l'attitude que la communauté des fidèles doit adopter face aux convictions et aux exigences qui s'affirment dans la philosophie des Lumières. D'une part, nous devons nous opposer à la dictature de la raison positiviste, qui exclut Dieu de la vie de la communauté et de l'organisation publique, privant ainsi l'homme de ses critères spécifiques de mesure. D'autre part, il est nécessaire d'accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l'homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice, en y reconnaissant les éléments essentiels également pour l'authenticité de la religion. De même que dans la communauté chrétienne, il y a eu une longue recherche sur la juste place de la foi face à ces convictions - une recherche qui ne sera certainement jamais conclue de façon définitive - ainsi, le monde musulman également, avec sa tradition propre, se trouve face au grand devoir de trouver les solutions adaptées à cet égard. Le contenu du dialogue entre chrétiens et musulmans consistera en ce moment en particulier à se rencontrer dans cet engagement en vue de trouver les solutions appropriées.»
Tout est dit : d’une part, «s’opposer à la dictature de la pensée positiviste qui exclut Dieu» de la sphère publique : comment s’étonner, ensuite, que la question des «droits de Dieu», pour ainsi dire, revienne dans nos sociétés de la façon la plus folle ? Que peuvent penser les musulmans d’un occident dans lequel ils ne voient, avec d’ailleurs un mélange de dégout et de fascination, qu’impiété et dépravation ? Si nous chassons l’Evangile de notre horizon, pourquoi nous étonner du règne de la violence ?
D’autre part l’islam doit accepter, comme le christianisme l’a accepté, et parfois fort douloureusement au cours du XIX° et du XX° siècle, de se laisser interroger par la raison critique. La foi n’a rien à craindre de la raison. La foi exige l’intelligence. J’ai besoin de comprendre pour croire – intellego ut credam – comme j’ai besoin de la lumière de la foi pour élargir mon intelligence : credo ut intellegam.
Mais laissez-moi vous lire aussi la conclusion du discours de Benoît XVI. Il nous ramène à l’évangile du temps de Noël, il nous ramène à la crèche – cette crèche que d’aucun voulaient exclure de l’espace public - et aux anges qui promettent la paix «aux hommes de bon vouloir» : «Cette paix qui est communiquée dans la liturgie est le Christ lui-même. Il se donne à nous comme la paix, comme la réconciliation au-delà de toute frontière. Là où Il est écouté se multiplient les îlots de paix. Nous, hommes, aurions voulu que le Christ bannisse une fois pour toutes les guerres, qu'il détruise les armes et établisse la paix universelle. Mais nous devons apprendre que la paix ne peut pas être atteinte uniquement de l'extérieur à travers des structures et que la tentative de l'établir par la violence ne conduit qu'à une violence toujours nouvelle. Nous devons apprendre que la paix - comme le disait l'ange de Bethléem - est liée à l'eudokia, à l'ouverture de nos coeurs à Dieu. Nous devons apprendre que la paix ne peut exister que si la haine et l'égoïsme sont surmontés de l'intérieur. L'homme doit être renouvelé de l'intérieur, et il doit devenir un homme toujours nouveau, différent. Ainsi, la paix dans ce monde demeure toujours faible et fragile. Nous en souffrons. C'est précisément pour cela que nous sommes d'autant plus appelés à nous laisser pénétrer intérieurement par la paix de Dieu, et à apporter sa force dans le monde. Dans notre vie doit se réaliser ce qui a eu lieu en nous dans le Baptême de façon sacramentelle: la mort de l'homme ancien et ainsi la renaissance de l'homme nouveau. Et nous prierons toujours à nouveau le Seigneur avec insistance: Réveille nos coeurs! Fais de nous des hommes nouveaux! Aide-nous afin que la raison de la paix l'emporte sur la folie de la violence! Fais de nous les messagers de ta paix !»
Abbé B. Martin
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